
Infirmières, marins, contrôleurs de train… 5 000 personnes, du public et du privé, ont défilé ce mardi 17 décembre 2019 à Quimper (Finistère), contre le projet de réforme des retraites. Ils témoignent.
Ludovic Lebreton, 50 ans, contrôleur grandes lignes
En 2018, ce militant CGT a battu le pavé contre la réforme du ferroviaire : trente-six jours de grève. Cette année, il en est à son treizième jour de grève contre la réforme des retraites : Et demain, ce sera le quatorzième. Ludovic Lebreton pose la question : N’est-on pas prêts à sacrifier quelques jours de tranquillité d’esprit pour récupérer quelques milliers d’euros dans quelques années ? Jusqu’à présent, il a fait le choix de ne pas bénéficier de la caisse de solidarité : D’autres en ont davantage besoin que moi, même si j’ai eu des fins de mois difficiles.
Élisabeth Le Goff, 37 ans, salariée de La Poste
La trentenaire, conseillère prud’homale et militante CFDT, n’était pas descendue dans la rue depuis ses années d’étudiante. Mais là, l’âge pivot à 64 ans, c’est trop. Pour moi, c’est l’incompréhension. Il faut que ce point soit retiré du projet de réforme pour que reprennent le dialogue et la négociation. Quid du mouvement après ce 17 décembre 2019 ? S’il y a un appel de notre syndicat, on continuera.
Véronique Raoul, 55 ans, infirmière
Elle cotise depuis trente-cinq ans. Infirmière dans une clinique privée à Châteaulin (Finistère), elle fait 6 h-15 h 20 ou 11 h 15-20 h 15 et travaille aussi un samedi sur deux et un dimanche sur trois . Il y a quinze jours déjà, le 5 décembre, elle était dans la rue, mais sans gilet syndical CFDT. Pour celle qui est aussi conseillère prud’homale, reculer l’âge de départ en retraite à 64 ans n’est pas envisageable : On prendrait le risque de multiplier les arrêts de travail en fin de carrière. Ce n’est pas une façon de terminer sa vie professionnelle.
François Silcher, 49 ans, enseignant
Grimé en vieillard, comme d’autres de ses collègues, il a ainsi voulu marquer le coup. En tant qu’enseignants, nous ne sommes pas les plus mal lotis, mais nous ne sommes pas non plus les mieux traités. Par rapport à la situation dans d’autres pays et par rapport à d’autres catégories socio-professionnelles, on pourrait vraiment mieux faire. Pour lui, d’autres choix de société sont possibles : Les revenus du capital pourraient être davantage taxés . S’il a déjà défilé les 5 et 12 décembre, ce militant SNUipp-FSU verra pour la suite : Tout reste ouvert, cela dépendra des décisions gouvernementales .
René Altero, 61 ans, retraité de la marine de commerce
Il a travaillé pendant quarante-quatre ans, dont vingt-sept dans la marine de commerce. Déjà représentant syndicat CGT pendant qu’il était actif, il est resté membre de la CGT des retraités. Si ça continue, y’aura plus grand-chose pour les copains, les enfants, les petits-enfants… Il estime qu’il a eu de la chance de pouvoir prendre sa retraite il y a un an. Pour lui, l’erreur, c’est que la pénibilité du travail n’est pas prise en compte », en citant par exemple les maçons. Mobilisé, il le restera : Mieux vaut le faire maintenant, pour avoir plus dans quelques années en retraite .
Nelly CLOAREC et Rose-Marie DUGUEN.