« Macron, prends ta retraite pas la nôtre », « Pas de planète pas de retraite », « Prochaine réunion parents-profs à l’Ehpad », « Reuz bras » (sur la préfecture) : chaque manifestation rivalise de slogans humoristiques et percutants, le tout en musique avec une fanfare douarneniste jouant l’Internationale ou un couple de sonneurs rivalisant avec la sono des camionnettes.
Une belle manif, pleine, colorée, enjouée : les quelques 8 500 Cornouaillais, satisfaits de ce coup de semonce, restent mobilisés en attendant des réponses.
« Cela fait chaud au cœur » a lâché Antoinette, un peu émue.
La militante Gilet Jaune n’avait jamais vu autant de monde dans une
manifestation. Yves ne cache pas sa satisfaction : « les syndicats, le
mouvement Extinction Rébellion, les Gilets Jaunes, il y a un début de
convergence » espère le Douarneniste. Retour sur une manifestation qui a
mobilisé au-delà des espérances des organisateurs et requinqué les
opposants à la réforme des retraites et plus largement à la politique du
gouvernement.
Les
militants de la CGT étaient massivement présents dans le cortège,
qu’ils ouvraient avec leur sono, suivis de FO, Solidaires, l’UNSA. Les
couleurs de la CFDT étaient absentes, mais pas certains militants du
syndicat, notamment de la SNCF, où l’intersyndicale appelait à la grève
ce jeudi.
Isabelle,
enseignante au collège de Briec, est venue avec ses enfants. « J’ai 45
ans. Pour atteindre une retraite à taux plein, il faudra que j’aille
jusqu’à 67 ans ou partir plus tôt avec une retraite de misère. Demandez à
mes collègues de 60 ans comment ils se sentent face à des collégiens.
Plus de 30 enseignants sur 35 sont en grève au collège ».
Cette
manifestation s’est déroulée dans une ambiance particulièrement
décontractée et déterminée. On notait la présence de familles avec leurs
enfants. La déambulation de la Place de la Résistance à la gare et
retour par la mairie et la rue Kéréon, s’est déroulée sans encombre,
seulement ponctuée par les tirs de mortiers de militants CGT.
Retraites
misérables, absence de revalorisation des salaires, conditions de
travail difficiles : des employées de l’Aide à domicile en milieu rural,
étaient présentes. « Nous sommes des invisibles. Pourtant nous avons un
travail noble, disent-elles. Il est rare que nous manifestions car nous
ne pouvons pas laisser les personnes que nous aidons ».
Une
potence avec trois personnes la corde au cou debout sur des blocs de
glace qui les condamneront à la pendaison en fondant : la mise en scène
d’Extinction Rébellion place Saint-Corentin a marqué les esprits. Le
groupe quimpérois du mouvement non-violent, a dit sa solidarité avec les
manifestants « contre le capitalisme et la surconsommation ».
Vers
14 h, une assemblée générale a réuni des représentants des différentes
composantes du mouvement : syndicalistes, Gilets Jaunes, lycéens… Ils
ont décidé de poursuivre les actions. Dès ce vendredi, les lycéens
seront dans la rue. L’intersyndicale SNCF a reconduit sa grève pour ce
vendredi. Elle se réunira tous les jours.